Pourquoi bâiller est-il « contagieux » ?
On l’a tous plus ou moins remarqué, lorsqu’une personne de notre entourage bâille, on se met souvent à bâiller également. Un dicton dit d’ailleurs qu’un « bon bâilleur en fait bâiller sept ». Il est coutumier de parler de contagion. Mais pourquoi ?
Vous êtes en réunion depuis deux heures après le déjeuner et vous essayez d’être attentif, contrairement à votre collègue qui semble s’ennuyer ; il se met à bâiller, vous l’observez, et presque automatiquement, vous avez des difficultés à masquer un bâillement. Pourquoi avez-vous bâillé alors que vous n’aviez pas envie de dormir ? Votre collègue vous a-t-il transmis sa fatigue ?
Voyons d’abord quand et pourquoi nous bâillons avant de nous demander si c’est un comportement effectivement contagieux.
Définition et causes du bâillement
Le bâillement est un comportement réflexe et universel. L’Homme comme les animaux bâille, et pas seulement les singes ou les chats, mais également les poissons, oiseaux et autres vertébrés (à l’exception de la girafe). Cependant, cette capacité de contagion n’a été caractérisée que chez les primates.
Le bâillement apparaît principalement en cas de fatigue, de faim, de vigilance mais aussi d’ennui ou en situation de désir sexuel, surtout chez les femmes. Ce geste manifeste donc un état physique particulier perçu par les individus alentour.
Un bâillement s’effectue en trois étapes :
- Il débute avec une longue et profonde inspiration.
- Cette inspiration s’accompagne d’une courte période d’apnée d’environ 1 seconde pendant laquelle nous entendons moins bien. La contraction des muscles due au bâillement réduit l’acuité auditive.
- Il se termine par une expiration rapide.
Une étude a révélée que l’Homme bâille très souvent moins d’un quart d’heure avant une phase d’activité. Comme pour se préparer au mieux, on bâille pour réveiller le cerveau et être prêt le moment venu.
Pourquoi dit-on que le bâillement est communicatif ?
Plusieurs études, consistants à faire visionner à des chimpanzés une vidéo de bâillement, montrent que ces singes bâillent après le visionnage, tout comme l’Homme le fait lorsqu’il est en groupe.
D’un point de vue neurologique, ce comportement mimétique serait principalement dû aux neurones miroirs, des cellules nerveuses qui s’activent aussi bien lors de l’exécution d’une tâche que dans l’observation d’un autre individu effectuant le même geste.
D’un point de vue social, la communication du bâillement relèverait plutôt d’une forte capacité d’empathie. D’ailleurs, tout le monde n’a pas la même sensibilité : près d’une personne sur quatre ne répond pas ou peu à quelqu’un qui bâille. L’exemple le plus criant concerne les personnes autistes qui semblent insensibles à un tel comportement.
L’intimité avec le bâilleur influe sur l’impact de la contagion : plus la proximité est importante, plus les probabilités d’imitation sont fortes. De manière plus étonnante, ce schéma se reproduit aussi au niveau des espèces : l’Homme répond plus facilement à un bâillement de chimpanzé qu’à celui d’un ouistiti.
Et vous, combien de fois avez-vous bâillé en lisant cet article ?
Au fait, saviez-vous que :
- Ce curieux phénomène de la contagion du bâillement est aussi connu sous le nom d’échokinésie ou encore échopraxie.
- Les bâillements existent chez le fœtus dès la 12e semaine de grossesse :