Le melting-pot gabonais
Formée d’un peu plus d’un million d’habitants et comptant environ 15% d’étrangers, la population gabonaise est un melting-pot en miniature. Au-delà de la diversité ethnique du Gabon, des gens d’origines nationales diverses vivent en symbiose avec les autochtones et sont très rarement indexés quant à leurs origines. Que ce soit dans la sphère politique, la haute administration, les milieux des affaires, de la culture ou du sport, on retrouve des Gabonais d’intégration récente dont la présence ne dérange pas outre mesure les Gabonais de souche. Ce qui prouve, par delà les quelques relents de xénophobie que l’on peut rencontrer dans tout autre pays, la tolérante et l’hospitalité de la nation gabonaise. Ces caractéristiques favorisent l’émergence d’une société souple, harmonieuse et innovatrice. Cette société gabonaise qui accueille également tous les individus est une société qui favorise l’épanouissement, la participation ainsi que l’attachement et l’appartenance de chacun au pays, à la nation.
En effet, de nombreuses personnes, en provenance de pays divers, souvent venues pour le travail ou les affaires, ont fini par s’établir au Gabon en raison de son genre de vie, d’une certaine ouverture, de son caractère paisible et de sa réputation de pays stable et hospitalier. C’est ainsi que le Gabon est devenu une société multiculturelle, multiethnique et qu’on s’y est habitué à avoir des compatriotes ayant des noms qui sonnent tantôt ouest-africain, tantôt européen ou même asiatique.
Cette diversité est une caractéristique du Gabon depuis ses origines. On sait que Libreville fut fondé par des esclaves libérés. Ceux-ci provenaient du Cabinda et de l’actuel RDC et se sont fondus avec les Mpongwè pour former une des premières villes multiethniques d’Afrique. Durant la période coloniale, les Français, les Anglais, les Portugais ont eu avec les autochtones une progéniture qui explique la diversité des noms à sonorité européenne que portent de nombreuses familles du pays. La faible densité démographique du pays a également poussé la puissance coloniale à “importer” de la main d’œuvre en provenance de l’Afrique de l’Ouest, plus particulièrement du Sénégal. Ce qui explique également que des familles gabonaises de très vielle souche portent des noms d’origine sénégalaise. Beaucoup plus tard, à la fin des années 60 au moment où éclate au Nigeria la guerre du Biafra, le Gabon s’est porté volontaire pour accueillir les nombreuses victimes de ce conflit armé. De même, pour la construction du pays, les gouvernants du Gabon indépendant ont continué durant les années 70 d’importer de la main d’œuvre de l’Afrique de l’Ouest. C’est ainsi que l’on enregistre à Libreville des quartiers dénommés, par exemple, Peyrie-Dakar ou Lalala-Dakar qui rappellent les camps construits à l’époque pour loger cette main d’œuvre. Si la grande majorité des personnes issues de ces différentes vagues d’immigration sont retournées dans leurs pays d’origine par la suite, une bonne frange s’est résolue à demeurer au Gabon et, à terme, en a acquis la nationalité. Ces petits rappels historiques expliquent l’actuelle citoyenneté multiculturelle du pays et l’habitude séculaire des Gabonais d’adopter et de vivre avec des gens venus d’ailleurs.
On ne saurait affirmer pour autant que ces différences d’origine ne suscitent jamais de frictions. Lorsque des différents surgissent, il s’agit en général de bouderies superficielles et les choses ne vont jamais bien loin. Avec l’expérience, les Gabonais d’origine étrangère ont été encouragés à revendiquer leur droit de participer pleinement à la société gabonaise. C’est ainsi que dans les conférences internationales ou dans les équipes sportives du pays, on a souvent trouvé des gabonais “d’adoption” qui suent sang et eau pour porter haut le drapeau de leur pays.
Une société à la base hétérogène s’est donc développée qui forme aujourd’hui la nation gabonaise. Le président Omar Bongo, dans une citation ressassée par les médias durant les années 70-80, disait : “Lorsqu’un étranger nous apporte sa force de travail, apportons-lui en retour notre amitié”. Sur cette base, le peuple gabonais est allé bien plus loin en apportant aux étrangers sa fraternité et en offrant à ceux qui le veulent d’intégrer la grande famille nationale.